« Sauvée des eaux »

« Nous nous sommes mariés le 23 octobre 2010, nous avions alors la trentaine et formulions ce jour-là le vœu d’avoir de nombreux enfants. Les années passent, l’épreuve de l’infertilité nous dépassent dans un premier temps puis nous apprenons à vivre avec la ferme espérance qu’un jour l’enfant viendra…

En 2013, nous débutons nos démarches d’adoption et le 14 février 2017 nous rencontrons notre fille, Diane-Isabelle, née en 2016 en France, souffrant d’une malformation vertébrale et nourrie par sonde naso-gastrique depuis plusieurs mois pour un refus de s’alimenter.

Petite pupille de l’Etat, née sous « X », « sous le secret » comme on dit aujourd’hui.

Depuis des années nous prions et offrions nos souffrances de l’attente pour qu’une mère dans le doute aille au bout de sa grossesse et que nous puissions devenir les parents de cet enfant si elle souhaitait le confier à l’adoption. Aussi, il nous plaît de nous dire que nos prières ont été exaucées à travers cette femme qui a donné la vie dans un monde où l’avortement est « la solution »… Et nous la remercions d’avoir mené le combat de la vie pour cette petite qui allait devenir notre enfant…

Sauvée des eaux comme Moïse, la vie plus forte que la mort.

Lorsque Diane nous a été proposée, nous demandions depuis peu au Seigneur : « que ta volonté se fasse en nous, que veux-tu vraiment pour notre couple ?, nous sommes prêts ! ».
Nous avions un dossier d’adoption en attente aux Philippines pour un enfant dit « en bonne santé » mais nous avons discerné et très vite choisi de dire « oui ». Il s’agissait alors de correspondre au projet de Dieu pour nous en répondant librement à cet appel, dépasser des peurs et « oser » l’aventure. Nous aimons cette phrase de Ste Teresa de Calcutta qui dit : « La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter ».

« Pourquoi nous et justement pourquoi pas nous ?, Diane est très vite devenue « le sens » trouvé à notre fécondité de couple, aujourd’hui elle est « notre évidence », elle nous émerveille chaque jour. La douleur de l’infertilité a laissé place à la joie de l’accueil inconditionnel, chemin que nous n’aurions pas même imaginé il y a encore quelques mois.

Lors de la Rencontre avec notre fille, nous avons échangé avec les médecins qui la suivaient, certains étaient interrogatifs : « C’est votre premier enfant ?, vous pouvez sans doute encore réfléchir ? » ou encore : « si la mère biologique avait eu un suivi de grossesse, l’anomalie aurait été détectée et elle n’aurait jamais gardé l’enfant »… ces propos exprimés à l’égard de l’être fragile nous ont surpris, déboussolés mais ont aussi conforté notre choix.
Mère Teresa nous a aidés dans notre cheminement, elle dit encore : « Les enfants porteurs d’un handicap sont les grands oubliés de l’adoption ».

Diane ne marchera peut-être pas mais elle est la vie qui jaillit chaque jour, sa fragilité nous fait grandir, elle est déjà si attachante et joyeuse. Par le baptême, elle vit de cette nouvelle naissance en Dieu qui transforme tout ; elle est présence du Christ, témoin lumineux de la force dans la faiblesse. L’accompagner, en prendre soin chaque jour avec amour, épaulés par la foi et l’espérance pour tenir fermement jusqu’à l’éternelle rencontre avec Celui qui est Tout.

S’abandonner à l’avenir de Dieu comme Diane s’abandonne dans nos bras avec confiance après avoir connu l’abandon. La mission est grande, cela tombe bien nous sommes petits… « Sans moi vous ne pouvez rien faire », nous dit le Christ. Nous sommes convaincus que l’Amour peut tout au-delà des jours difficiles et des souffrances.

Aujourd’hui, Diane mange avec appétit, elle n’a plus sa petite sonde et elle marche à quatre-pattes…
La vie est une traversée, un pèlerinage, péleriner jusqu’au bout avec Diane qui aurait pu ne pas être mais qui est, fruit d’un père et d’une mère biologiques et de notre couple qui fonde avec Elle une famille. Douleur et bonheur se confondent, la croix et la joie ne sont jamais vraiment loin l’une de l’autre.

Protéger la vie à naître, la donner avec son cœur et la recevoir avec la grâce de Dieu ; l’adoption comme un hymne à la vie, est pour nous chemin d’espérance et source de fécondité. »

Pauline et Christophe, août 2017.

bst
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